Interviewvé le 31 décembre 2020 par le correspondant local du Progrès, Alain LEYLAVERGNE dans le VILLEURBANNE insolite
Robert PAUTET garde le moral malgré les coups de mou dus à la crise sanitaire. Objectif, la réussite au master. Photo Progrès/Alain LEYLAVERGNE
A 74 ans, étudiant en master de physique, Robert PAUTET espère bien aller jusqu’au doctorat. Pour lui aussi la crise sanitaire est passée par là, avec son lot de courts annulés et le manque de travaux pratiques. "Victime collatérale" du Covid, il doit "repiquer" son master 1, mais ne lâche rien.
Robert PAUTET est un étudiant pas totalement comme les autres. C’est en investissant dans une association de soutien scolaire pour les lycéens, une fois à la retraite, qu’il s’est rendu compte que ses connaissances scientifiques étaient un peu "obsolètes". Il a alors renoué avec un vieux rêve : reprendre des études scientifiques et aller le plus loin possible.
Au sortir du lycée, j’avais dû interrompre mes projets d’études
« Une fois retraité, je me suis inscrit à la fac parce que, au sortir du lycée, j’avais dû interrompre mes projets d’études. Je m’étais alors bien inscrit aux Arts et Métiers, mais mon père avait besoin de moi dans son entreprise de métallurgie et il m’a demandé de rejoindre l’atelier. J’ai donc été embauché comme tourneur pendant 10 ans, puis j’ai intégré à Lyon, l’entreprise spécialisée dans la fabrique d’emballages pour le transport de matières radioactives Robatel en tant qu’acheteur. Après j’ai travaillé pour une entreprise de Ternay où j’étais responsable mécanique des centrales d’enrobage, puis des énormes machines pour dessaler l’eau de mer... », raconte-t-il.
Il a réussi à obtenir sa licence de physique
Une fois la décision prise, le chemin a été très ardu : après des cours du soir pour une remise à niveau, il a réussi à obtenir une licence de sciences physiques. Il s’est accroché pour assimiler des matières peu évidentes : la mécanique quantique, la physique statistique et autres... Et le voilà inscrit en cycle master... "mais la crise est passée par là et rien n’a été simple", dit-il.
C’est pas gagné mais j’y crois
« Avec le confinement, ce qui m’a affecté et m’affecte le plus, c’est le manque de contacts, de relation avec mes camarades étudiants. Je ne participais pas aux soirées étudiantes, mais on échangeait beaucoup sur les cours, les contenus... Et question de travail en vision, je n’ai pas les moyens de me payer du matériel suffisamment performant. J’ai donc dû me contenter de mon vieil ordinateur, peu performant avec son lot de bugs fréquents... et puis la fermeture de la bibliothèque universitaire n’a pas arrangé les choses »
Il repique son année
Robert PAUTET n’est cependant pas résolu à lâcher quoique ce soit. « Avec tout ca je n’ai pu obtenir que trois unités d’enseignement. Mon stage à l’INSA à la Doua n’a pas été validé. Le jury souhaitait une pratique plus importante en matière de calculs. Alors je vais sans doute me retourner vers une entreprise. » L’étudiant va donc "repiquer" son année . « Sans amertume mais je reste un peu dans l’expectative. Enfin j’ai réalisé une partie de mon rêve de jeunesse, donc je continue ». Tenir. Courage !